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Décapage et passivation des inox : comprendre et appliquer les bonnes pratiques

1. Pourquoi décaper et passiver l’inox ?

L’inox résiste à la corrosion grâce à une couche passive de quelques nanomètres riche en oxydes de chrome. Cette couche se forme naturellement par l’oxygène de l’air. Toutefois, après fabrication (soudage, meulage, découpe…), cette couche peut être :

  • Altérée par la chaleur ou les dépôts métalliques,
  • Contaminée par des particules de fer ou des projections,
  • Incomplète sur les zones nouvellement mises à nu.

Il convient donc de régénérer cette couche passive qui apporte cette résistance à la corrosion. Sans traitement, le risque de corrosion ponctuelle (piqûres, rouille superficielle, fissures) augmente, surtout en milieux agressifs (humidité, eau de mer, atmosphère polluée, produits agressifs).

2. Décapage : éliminer les altérations de surface

Le décapage consiste à retirer mécaniquement ou chimiquement la couche d’oxydes et les impuretés pour retrouver une surface saine.

2.1. Méthodes de décapage

  • Chimique (le plus courant) : gels ou bains à base d’acide nitrique + fluorhydrique.
  • Mécanique : sablage, microbillage, brossage avec outils non ferreux.

2.2. Points de vigilance

  • Éviter les outils en acier carbone (risque de contamination ferritique).
  • Neutraliser et rincer abondamment après un décapage chimique.
  • Respecter les consignes de sécurité (acides agressifs).

3. Passivation : régénérer la couche protectrice

Après décapage, la passivation consiste à favoriser la reformation rapide de la couche d’oxyde de chrome.

3.1. Méthodes de passivation

  • Chimique : immersion ou pulvérisation d’acide nitrique.
  • Naturelle : simple exposition à l’air, ou à l’eau mais plus lente et moins efficace en atmosphère polluée.

3.2. Bénéfices

  • Surface chimiquement propre, moins sensible aux contaminations.
  • Résistance accrue aux milieux chlorés et humides.

4. Quelles familles d’inox sont concernées ?

Le décapage et la passivation sont nécessaires pour toutes les familles d’inox :

  • Austénitiques (304, 316) : plus sensibles aux contaminations après soudage.
  • Ferritiques et martensitiques (430, 410) : couche passive plus fragile, à renforcer systématiquement, sur un état de surface particulièrement lisse.
  • Duplex (2205, 2507) : structure mixte, attention particulière aux zones affectées thermiquement.

5. Bonnes pratiques industrielles

  • Planifier le traitement juste après fabrication pour limiter l’oxydation.
  • Travailler avec des produits certifiés conformes aux normes (ex. ASTM A380 / A967, EN 2516).
  • Documenter les traitements dans le dossier qualité.
  • Former les opérateurs : la sécurité chimique est un point critique.

Conclusion

Le décapage et la passivation ne sont pas des options mais des étapes indispensables pour préserver la durabilité des aciers inoxydables. Bien maîtrisés, ils garantissent une surface saine et une résistance optimale à la corrosion, quel que soit le type d’inox.